J’ai fait un rêve.
J’ai rêvé que j’étais dans un monde
où l’argent fait foi et loi. Où la justice est passée d’impuissante à
insouciante. Où les criminels sont des héros et les victimes « quelques morts
». Où les médias sont bien moins avides de sens que de sang. Où la célébrité
est synonyme d’apogée mais surtout de facticité. Où l’on peut passer des heures
à regarder une dizaine de personnes volontairement enfermées pour une émission
de télévision et refuser d’accorder le moindre regard au sans abri du coin de
la rue. Où le bonheur et l’amour sont dans le pré mais la pauvreté et la colère
aussi. Où des histoires d’adultère, de sms ou de twit occupent largement plus
les médias que des attentats. Où un meurtre est un « fait divers » qui signifie
« vente ». Où des médicaments factices guérissent des malades imaginaires mais
créent un déficit réel. Où l’on étudie longtemps pour travailler longtemps pour
avoir une retraite pauvre, courte et malade. Où entre douceur et douleur il n’y
a que l’espace d’une consonne. Où les enfants sont nourris à la violence. Où un
regard est une sentence de mort. Où société rime avec lâcheté. Où le verbe «
communiquer » est remplacé par « connecter ». Où l’on sait que l’on détruit la
planète mais que l’on s’en fiche parce que NOUS ne serons plus là quand ça
arrivera. Où la banquise fond comme morale sous capitalisme. Où tout va vite,
très vite, surtout la chute.
J’ai fait un rêve ?
Non.
J’ai fait un cauchemar.
" Amai Yuki "
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